« Évaluer dans l’esprit du décret… »

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Compte rendu, traces, outils et conseils de lecture suite à l’atelier organisé le 24 avril 2018 au Centre culturel d’Ottignies-Louvain-la-Neuve

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Questionnements et objectifs de l’atelier

Arrivant souvent en fin de parcours de la conception de la demande reconnaissance, la définition de pistes pour l’évaluation future du projet d’action culturelle peut sembler un processus fastidieux ou un peu obscur. Comment donner du sens à cette évaluation et en faire un outil à son service ? Comment être « objectif » dans les processus d’évaluation ?
L’objectif de l’atelier était d’échanger sur des expériences de terrain, partager des ressentis, comparer les approches afin de nourrir le travail d’évaluation dans les différents lieux. Les participants étaient donc invités à un moment de réflexion partagée, de discussion, de recul plutôt qu’à la découverte d’outils et de méthodes « prêts à l’usage ». 

Participants inscrits: Marie-Hélène ALONSO (CC Waremme), Pierre ANTHOINE (CC Tubize), Virginie CORDIER (La Vénerie), Fabienne DE VUYST (CC Thuin Haute-Sambre), Marie FLAMME (CC Silly), Isabelle JANDRAIN (CC Walcourt), Séverine KINTS (CC Mouscron), Sabine LAPOTRE (CC Walcourt), Emilie LAVAUX (CC Genappes), Delphine LEROY (Arrêt 59), Christophe LOYEN (CC Chênée), Agnès MARLIER (GAL de Walcourt), Pascal MARLIER (CC Thuin Haute-Sambre), Eric MAT (CC Gembloux), Pierre MATIVA (CC Wanze), Etienne PEVENASSE (CC Gerpinnes), Dominique REGNIER (Province de Namur), Caroline RENAUD (CC Ourthe et Meuse), Laurence VAN OOST (CC Colfontaine), Laurent VANBERGIE (CC Enghien)

Autres participants : Liesbeth VANDERSTEENE et Nicolas CANTA (ASTRAC)
Animatrice : Marie-Eve MARECHAL
Intervenants : Bernard MICHEL (CC FOSSES), Stéphanie CROQUET (CC Jodoigne), Luc CARTON (Inspection FWB)
Prise de notes : Nicolas CANTA

Rapport de l’atelier

Les points qui suivent représentent les conclusions du point de vue de l’ASTRAC, formulées par Nicolas Canta sur la base de ses observations lors de l’atelier.
Il ne s’agit donc aucunement d’un rapport « objectif » ou « exhaustif » des échanges.

Introduction des échanges

L’animatrice résume l’ « esprit du décret »: partager un projet, une action au lieu de les proposer. Les participants sont invités à formuler en peu de mots ce que leur évoque l’évaluation.

Quelques réponses :
« se poser, prendre conscience » – « recul » – « temps suspendu » – « faire un pas de côté, prendre de la hauteur »
« partage » – « associer des partenaires »  – « remédier à la solitude »
« prendre pied dans la démocratie culturelle »
« motiver les parties prenantes » – « faire comprendre au CA » – « parent pauvre »
« poursuite » – « nécessaire pour avancer »
« AUTO-évaluation » – « authenticité » – « célébration »

« de bons outils pour mesurer l’impact des actions » – « efficace, pertinent » – « comment concrétiser le processus ? »
« épreuve, contraignant » – frustrant et flou, pas assez objectif »
« avant, pendant, après » – « laisser une trace »
….

En conclusion : Si leurs interrogations sont nombreuses, les participants s’avèrent tout sauf opposés au principe de l’évaluation mais ils sont en demande de clarifications utiles, d’inspiration et d’idées, de méthodes et outils ayant fait leur preuve.

L’atelier propose, en matinée, un travail en sous-groupes suivi d’un échange entre les participants pour explorer le sens et les finalités de l’évaluation, éclairé par l’animatrice et par Luc Carton.

Éléments de réflexion fournis par l’animatrice suite aux conclusions des sous-groupes et des interventions tout au long de la matinée :

  • Les notions de temps et de distance sont au cœur du processus.
  • L’évaluation, n’est-elle pas là « tout le temps », ne serait-elle pas « en nous” ?
  • On évalue à différents moments. L’évaluation immédiate, celle d’une année de travail, d’une opération culturelle, d’un contrat programme ne sont pas les mêmes démarches. Une approche d’évaluation globale tient compte de ces différents temps en prévoyant des méthodes différentes, en mettant chaque fois d’autres lunettes.
  • On évalue avec ses valeurs, il est nécessaire de les expliciter. A travers elles, les enjeux seront évalués. On peut être fier d’un « échec », on peut déplorer une « réussite ».
  • Il n’est pas possible/souhaitable d’évaluer tout le temps mais l’auto-évaluation devrait être « continue » en tant que (auto-)observation : il faut s’octroyer régulièrement un temps de recul et de pause, engranger de façon continue des éléments qui au moment de l’évaluation pourront être analysés à l’aide d’une méthode personnelle, créative, active.

Éléments de réponse et de réflexion fournis par Luc Carton

  • Évaluer = instruire les conditions d’un jugement coopératif, critique.
  • Il importe de conjurer le besoin/la tentation de chercher l’objectivité… car cette recherche d’objectivation est souvent un évitement du risque de la pensée.
  • L’évaluation cherche à construire des jugements basés sur une intersubjectivité.
  • Le recours à des outils « tout faits » peut également censurer nos capacités réflexives. Il faut accepter l’incertitude et oser faire confiance dans l’intelligence collective.
  • Le métier du Centre culturel est de travailler les regards, les espaces de désir, de faire bouger le rapport à l’humanité (les droits culturels comme « droit de penser le monde » et « de le désirer autrement » – lire aussi à ce propos le texte de Nicolas Frize « Qui fait l’offre culturelle ? »). L’évaluation part de la transformation visée. Il est peu opportun d’évaluer les résultats d’une action, on évalue son impact au regard des enjeux auxquels elle veut répondre. Le référentiel est donc dans les finalités et les objectifs qui ont guidé l’action, et non l’action elle-même.
  • Dans ce contexte, le point de départ (la ou les questions d’évaluation) est toujours de se demander ce qu’on désirerait savoir, ce qu’on ne sait pas.

L’après-midi, les échanges se poursuivent sur la base du témoignage de Stéphanie Croquet et Bernard Michel – découvrez leur témoignage intégral ici (enregistrement audio).

Contextualisation :
Les Centres culturels de Jodoigne-Orp-Jauche et de l’Entité Fossoise ont été parmi les premiers a introduire leurs demandes de reconnaissances dans les termes du décret de 2013. Ils commencent aujourd’hui à préparer le renouvellement de leurs contrats-programmes 2016-2020 et travaillent ensemble (et avec le Centre culturel de Leuze-en-Hainaut) sur un processus d’évaluation de leurs projets d’action. Deux jours de travail inter-équipes ont eu lieu, accompagné par le CESEP.

Quelques éléments du témoignage et des échanges qu’il a nourri :

  • On parle d’auto-évaluation, plutôt que d’évaluation. Le processus associe l’équipe, le CA, le CO, les partenaires. On évalue pour soi-même, selon ses propres méthodes.
  • Il n’est pas possible de tout évaluer ! Avec le CO, on n’évalue qu’un ou deux projets ou opérations culturelles représentatives par an, au regard des enjeux et des droits culturels. Cela suppose une temporalité assez longue.
  • On détermine, en équipe, quelques questions précises en lien avec les enjeux développés dans le projet d’action. Pour chaque question, une « ligne du temps » est réalisée : un déroulé des faits au sens large (tous les éléments en relation avec l’action, activités, facteurs internes et externes, …) qui permettent de cerner et interroger les processus. Une lecture « méta » au regard des droits culturels est prévue par la suite. Le choix des questions se fait avec une grande liberté, mais doit être bien argumenté.
  • Le travail partagé entre trois équipes enrichit les réflexions : les questions qu’on se pose les uns aux autres peuvent être autrement interpellantes, révélatrices que celles qu’on se pose à soi-même…
  • Les critères retenus maintenant serviront à analyser les activités prévues d’ici la fin du contrat-programme. On ira chercher des indicateurs, des enseignements de manière plus ciblée. L’objectif étant de voir si, lors d’un prochain contrat-programme, on poursuit le travail sur un (les) enjeu(x) ou si on se repositionne. La notion de trajet est importante.
  • L’évaluation englobe également une analyse des partenariats. Pour les opérations menées avec des partenaires, le processus est à définir conjointement, en amont. Ce n’est pas facile…
  • Avec les partenaires, ou avec le CO, il est utile de faire un travail sur les langages, de créer des « grilles de compréhension » pour faire en sorte que chacun comprenne les mots de la même manière.
  • Un outil pour faciliter l’évaluation est de tenir un carnet où récolter les retours des différentes personnes impliquées dans une action, noter des observations, …
  • Évaluer l’impact d’une action au regard d’un enjeu est complexe : on n’est pas en première ligne en tant que Centre culturel, l’enjeu « évolue sans nous », avec d’autres actions menées par d’autres opérateurs du territoire. D’où l’opportunité d’associer des partenaires, plus spécialistes ou plus militants en la matière. Une bonne question de départ ici est de se demander quelle a été la plus-value du Centre culturel, quelle aurait été la situation si le Centre culturel n’avait pas été là.

Pour approfondir les réflexions

Conseils de lecture

Expériences d’évaluation relatées par des Centres culturels sur leurs sites web:

 

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